Ludwig van Beethoven, les 250 ans d’un génie
De Ludwig van Beethoven, tout le monde a en tête le début de la 5ème symphonie, avec sa cellule de 4 notes, 3 brèves-1 longue, la Lettre à Elise, ou encore le fameux Hymne à la joie, tiré du dernier mouvement de sa 9ème et dernière symphonie. Mais a-t-on conscience de la place immense et capitale qu’il occupe dans l’Histoire de la musique ? Si ce n’est pas le cas, voici quelques clés pour en savoir plus à ce sujet. Continuer à lire
Fils d’un chanteur et élève de 2 grands noms de la période classique
Le petit Ludwig naît au sein d’une famille proche de la musique, puisque son père était chanteur, ténor plus précisément, à la Cour dans l’Electeur à Bonn, en Allemagne. Concernant sa formation, nous savons qu’il a eu comme professeurs Joseph Haydn, maître de l’époque classique considéré comme le père de la symphonie et du quatuor à cordes, 2 genres dans lesquels Beethoven a excellé, et Antonio Salieri, présenté comme l’ennemi juré de Mozart. La vraie est histoire n’est pas aussi simple que cela.
Contrairement à Mozart, Beethoven n’est pas connu pour avoir été un enfant génie de la musique. Néanmoins, l’œuvre la plus ancienne de ce compositeur date de 1782, il n’avait que 12 ans. Et il en avait probablement écrit avant !
Du classicisme au romantisme : les œuvres pour orchestre
On pourrait écrire des pages et des pages sur la place et l’influence de Beethoven dans la l’Histoire de la musique, tant ces dernières sont immenses. On va se concentrer ici sur quelques grands axes.
Tout d’abord, il a apporté une contribution importante à l’effectif orchestral : il a mis les bases de ce qu’allait être par la suite l’orchestre romantique…qui allait encore évoluer. Après avoir stabilisé l’orchestre dit mozartien, à savoir les cordes, les vents par 2 et timbales, il a augmenté les effectifs des bois et cuivres. Dans le finale de sa 5ème symphonie par exemple, il utilise le piccolo, qui agrandit le pupitre des flûtes, le contrebasson, ainsi que des trombones.
Aux symphonies et concertos, il a aussi apporté d’autres nouveautés. Tout d’abord au niveau des durées : une symphonie de Haydn dure maximum 30’ ; avec la 9ème symphonie, nous sommes en présence d’une œuvre de plus d’une heure ! De plus, cette œuvre est la première œuvre du genre à inclure la voix. Il y aura beaucoup d’autres exemples par la suite. Au sujet des concertos, 5 pour piano, 1 pour violon et un triple, on peut remarquer qu’il a largement augmenté la présence et la force de l’orchestre. Ce dernier est devenu, grâce à Beethoven, un élément à part entière puissant de ces œuvres. Cela sera une des marques des concertos qui arriveront par la suite.
Du classicisme au romantisme : la musique de chambre
A part la musique vocale qu’il a plutôt peu investie, Beethoven a écrit pour beaucoup de genres instrumentaux, notamment en musique de chambre. Il a écrit des sonates, pour piano, mais pas seulement, et des quatuors.
Ses 32 sonates pour piano sont considérées comme le « Nouveau Testament » de la musique, l’ancien étant le Clavier bien tempéré de Bach. Ce surnom est symptomatique de l’importance qu’a eue pour la suite cette création pour piano. Comme la 9ème symphonie, les dernières sonates pour piano ont marqué un jalon qui a par la suite été difficile à surmonter, ne serait-ce qu’au niveau du langage et de la façon dont il utilise l’instrument. Ses dernières sonates ont été écrites pour un piano qui venait de naître, qui se rapproche de celui que nous le connaissons aujourd’hui. Auparavant, c’était un piano moins puissant et plus petit. Il a donc écrit pour un piano « dernier cri » qu’il a investi au maximum, avec l’utilisation de tout le clavier. Avec lui, le piano devient orchestral, tant il est puissant. Que pouvaient faire les compositeurs suivants après ces œuvres et notamment la dernière, surnommée par l’auteur Thomas Mann « l’adieu à la sonate » ? Pas grand-chose si l’on en croit le peu de sonates écrites après Beethoven.
Voici sa sonate appelée Hammerklavier, nommée en référence au piano tout récent à l’époque, publiée en 1819 :
Enfin, mentionnons son rôle dans le quatuor à cordes. Là encore, il a marqué son époque. Sa Grande Fugue, qui a été détachée de son dernier quatuor après avoir été publiée en tant que dernier mouvement de cette œuvre, est un exemple de l’évolution qu’il a eue entre le début de sa création musicale, encore relativement ancré dans le classicisme, et la fin dans les années 1820. Cette fugue a des sonorités très modernes !
La malédiction de la « 9ème »
Le compositeur qui a composé 9 symphonies est, bien à son insu, à l’origine d’une malédiction. Aucun grand compositeur à l’époque romantique et au début du 20ème siècle n’a dépassé les 9 symphonies. Schubert, Dvorak, Bruckner (décédé avant d’avoir fini sa 9ème), Mahler (il avait commencé des esquisses d’une 10ème) n’ont que 9 symphonies à leur catalogue. Tout cela est bien entendu du hasard. Néanmoins, l’importance et l’influence des symphonies de Beethoven dans l’Histoire de la musique est telle, notamment la 9ème justement, que ne pas arriver à dépasser ce chiffre 9 est devenu synonyme de malédiction. Impossible de dépasser ce chiffre de Beethoven ! Impossible de surmonter cette montagne ! Au 20ème siècle, le compositeur Chostakovitch a été le premier à aller au-delà : il en a composé 15. Et pour prendre un exemple contemporain, le compositeur américain Philip Glass en est à sa 12ème, mais il a eu peur du spectre de la malédiction lorsqu’il a créé sa 9ème symphonie… Il a exprimé cette crainte dans une interview. Cette superstition est donc à la fois amusante, puisque c’est le hasard, mais elle est quand même bien imprégnée dans le monde des compositeurs, Philip Glass en étant un exemple actuel parlant.
Ce qui caractérise de façon générale la création de Beethoven, c’est son énergie et sa fougue ! Il faut dire qu’au moment de la Révolution française, il avait 19 ans. Cela l’a très très clairement marqué et influencé. Beethoven était tout simplement un génie qui a transformé la musique, et cela en ayant été sourd dès le début des année 1800.
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