Le programme de l’option musique au Bac 2019
Pour la première fois depuis des années, le programme 2019 de l’option facultative musique au Bac ne sera constitué que de deux œuvres toutes deux comportant des extraits musicaux.
Un programme passionnant ! Continuer à lire
1ère œuvre : Joe Zawinul (1932-2007) – Birdland (1977)
Le groupe Weather Report (dont le nom signifie littéralement «bulletin météorologique») fut l’un des plus emblématiques de la vague du jazz rock — un style parfois appelé aussi jazz fusion, afin de souligner que ses influences pouvaient aller au-delà du jazz et du rock, avec notamment le funk. bac de musique
Birdland fut publié sur leur 7e album, Heavy Weather («temps lourd»), à l’apogée de leur créativité, et à l’époque où le groupe (dont la formation a beaucoup évolué au fil du temps) comprenait trois grandes figures du jazz moderne : le saxophoniste américain Wayne Shorter, le claviériste autrichien Joe Zawinul (ces deux derniers ayant fondé le groupe en 1971) et le bassiste électrique Jaco Pastorius.
À savoir
Le titre choisi par Joe Zawinul pour son morceau fait référence à un célèbre club de jazz new-yorkais, dont le nom était lui-même un hommage à l’un des plus célèbres musiciens du XXe siècle, Charlie Parker. En effet, le génial saxophoniste était surnommé Bird (surnom qui a aussi donné son titre au film consacré par Clint Eastwood à Parker). Ainsi Zawinul rendait à la fois hommage au pionnier du style bebop des années 1940 et 50, et à un club où il avait beaucoup joué étant jeune — et dans lequel il avait de surcroît rencontré sa femme !
Rapidement devenu un véritable «tube» planétaire, le thème fut interprété ensuite par de nombreux autres groupes. Le programme du bac musique 2019 propose d’étudier trois de ces reprises, mais il sera bien sûr intéressant d’en chercher d’autres !
La version originale par Weather Report (1977)
La version de The Manhattan Transfer (1979)
Le groupe vocal The Manhattan Transfer a enregistré une version chantée, sur des paroles écrites par Jon Hendricks. Cette version, publiée sur l’album Extensions, rencontra un si grand succès qu’elle devint «l’indicatif musical » du groupe !
La version de Quincy Jones (1989)
Mondialement connu grâce à sa collaboration avec Michael Jackson sur les albums Off the Wall, Thriller et Bad, le jazzman et arrangeur Quincy Jones reprit lui aussi le thème à sa manière, sur son album Back on the Block.
La particularité de cette reprise est l’étonnant aréopage de stars qui y participèrent à l’invitation de Jones ! Aréopage qui de plus n’était pas une simple collection «pour épater la galerie», mais avait au contraire un sens : les trompettistes Miles Davis (grâce à qui les fondateurs de Weather Report s’étaient rencontrés) et Dizzy Gillespie (fameux partenaire de Bird en personne dans les années 1950), les célèbres chanteuses Ella Fitzgerald et Sarah Vaughan, et même Joe Zawinul, le compositeur du thème !
La version de l’Ensemble Hyperion (2000)
Fondé en 1992, l’Ensemble Hyperion (1) s’est dès le départ spécialisé dans les tangos modernes d’Astor Piazzolla — ce qui nous ramène au bac musique 2006 ! Leur répertoire s’est depuis un peu diversifié, notamment sur l’album Minimal Movie qui comporte plusieurs musiques de films (John Williams, Ennio Morricone, Wim Mertens…) et un peu de jazz, comme le montre leur arrangement de Birdland.
(1) Attention ! il ne faut pas confondre cet ensemble avec l’autre Ensemble Hyperion fondé par Iancu Dumitrescu en 1976, et qui est spécialisé dans la musique d’avant-garde et spectrale, voire hyper-spectrale, selon leur propre terme.
2ème œuvre : Recomposed by Max Richter : Vivaldi – The Four Seasons (2012)
La seconde partie du programme pour l’épreuve de l’option facultative musique au bac 2019 est constituée de plusieurs extraits des Quatre saisons d’Antonio Vivaldi (1678 – 1741), « recomposées » par Max Richter (1966).
Lauréat de la Royale Academy of Music de Londres, élève de Luciano Berio, Max Richter écrit des musiques de séries ou de films (comme Shutter Island) et collabore à divers ensembles et projets. Son style se caractérise notamment par l’influence du langage minimaliste (de Steve Reich notamment).
Le programme est constitué des 5 extraits suivants :
Spring 1
Summer 3
Automn 2
Winter 1
Shadow 3
Si l’on compte aujourd’hui plus d’un millier de versions des Quatre Saisons, c’est sûrement sans compter les versions transcrites pour d’autres formations que les quatre concertos d’origine, les adaptations, les détournements dont l’œuvre a fait l’objet. Cette nouvelle version, récente et atypique, allie le langage baroque (emprunts textuels à Vivaldi) à « l’électro-planante », instruments acoustiques et musique synthétique amplifiée, composition et collage…
Les Quatre Saisons recomposées de Max Richter se situent donc à la croisée des techniques et des langages.
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