Maria Callas et la technique vocale
Qui ne connaît pas Maria Callas ? Figure mythique du XXème siècle, la diva entre dans tous les foyers à l’ère du disque. Familière pour beaucoup, cette étoile du chant lyrique brille de par une maîtrise, une théâtralité, une expressivité infinies. Adulée, mais parfois aussi critiquée, elle est toujours décrite comme inclassable, à part. Mais qu’en est-il au juste de son rapport à la technique vocale ? Continuer à lire
Excellence et dévotion dans le travail du chant
Dès treize ans, la jeune Maria se consacre entièrement à l’étude du chant. Elle a un « maître de chant », comme le possédaient les chanteurs dans la tradition ancienne. C’est-à-dire un professeur qu’elle ne se contente pas de voir une heure par semaine ! Mais plutôt un mentor avec qui elle travaille tous les jours, et qui l’a suivie tout au long de son parcours. Elvira de Hidalgo son professeur, la décrit comme une élève modèle !
« Nous sommes un instrument, sauf que nous utilisons notre gorge. »
Au cours d’un entretien, Callas donne sa définition de la technique vocale. C’est « la compétence que l’on acquière pour être capable d’interpréter. » Selon elle, tout comme on apprend à lire et écrire à l’école, on doit apprendre peu à peu « le solfège, l’harmonie, la musique, puis comment interpréter, la projection vocale, comment être en scène, comment jouer… Un musicien chanteur doit apprendre la technique exactement comme les instrumentistes… Au lieu d’avoir un instrument, nous avons les cordes vocales, et notre corps que nous utilisons ensemble » souligne-t-elle. Pour cette tragédienne née, la technique est totalement indissociable du jeu d’acteur nécessaire dans un opéra.
Développer la voix de poitrine et les registres
Elvira de Hidalgo lui a enseigné l’homogénéité et l’étendue des registres. Ainsi, pour Maria : « Développer la voix de poitrine est nécessaire pour tous les types de voix, même les sopranos… Dans le bel canto vous devez posséder votre voix de poitrine, vos notes de passage, et vos notes aiguës…C’est la seule façon de chanter » indique-t-elle. « La façon de l’ancienne école dont chantaient Lilli Lehmann, Maria Malibran, Giuditta Pasta. ».
Les ornements « au service de l’expression »
Selon la « Divina » il faut accomplir un long et ardu travail, pour maîtriser absolument : trilles, accaciatures, couleurs, notes, petites notes, legato, intonations, notes douces, forte, mezzo-forte, glissandos. Si on est un bon musicien, on doit les utiliser au service de l’expression, de la comédie, du drame. On ne doit pas utiliser un ornement juste pour le plaisir du glamour ou du feu d’artifice. Il doit toujours y avoir une justification : par exemple chez Verdi, les trilles correspondent toujours à une émotion, exprimant : peur, bonheur, joie, insécurité.
Interview de Maria Callas:
Pour la Callas, la technique vocale doit être mise entièrement au service du compositeur et de son art. La soprano nous a légué de nombreux enregistrements, dont quelques master class où elle-même guide des étudiants. Mais il y a malgré tout comme elle le dit : « des points techniques qui ne se transmettent que de professeur à élève. Des secrets qui ne peuvent se transmettre qu’oralement. D’où le caractère unique et précieux d’un véritable cours de chant. Comme l’assène Maria : « Nous n’avons pas d’excuse pour ne pas avoir la bonne technique » !
Maria Callas lors d’une master class à la Juilliard School, au sujet des trilles :
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