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L’épreuve de piano du niveau de fin de premier cycle comporte cette année une pièce du compositeur actuel Bernard De Vienne, intitulée e4-e5

L’épreuve de piano du niveau de fin de premier cycle comporte cette année, chez ICM et toutes les écoles de musique adhérant à la FFEM, une pièce du compositeur actuel Bernard DE VIENNE, intitulée e4-e5. Ce titre peut paraître à première vue bien énigmatique ! Mais tout s’explique si l’on sait qu’il fait référence aux deux premiers coups de nombreuses ouvertures du jeu d’échecs, parmi les plus anciennes, et restées pendant longtemps des « incontournables », aussi bien pour les amateurs que pour les champions. Ces ouvertures sont appelées par les spécialistes les « jeux ouverts » : Comme vous le voyez sur ce diagramme, chacun des deux camps a poussé son « pion du roi » de deux cases en direction de l’adversaire : les blancs sur la case E4, et les noirs sur la case E5. Ce vis-à-vis frontal entre les deux pions symbolise et résume à merveille le « bras de fer » qui s’engage : en effet, les deux pions sont désormais stoppés dans leur progression, et leurs forces s’annulent, comme celles des « tireurs de poignet ». Seule la prise d’une pièce adverse (nécessairement en diagonale) pourra leur permettre d’avancer à nouveau vers leur terre promise : le bord opposé du clavier, leur permettant d’être … Continuer à lire

L’épreuve de piano du niveau de fin de premier cycle comporte cette année, chez ICM et toutes les écoles de musique adhérant à la FFEM, une pièce du compositeur actuel Bernard DE VIENNE, intitulée e4-e5.

Ce titre peut paraître à première vue bien énigmatique ! Mais tout s’explique si l’on sait qu’il fait référence aux deux premiers coups de nombreuses ouvertures du jeu d’échecs, parmi les plus anciennes, et restées pendant longtemps des « incontournables », aussi bien pour les amateurs que pour les champions. Ces ouvertures sont appelées par les spécialistes les « jeux ouverts » :

Comme vous le voyez sur ce diagramme, chacun des deux camps a poussé son « pion du roi » de deux cases en direction de l’adversaire : les blancs sur la case E4, et les noirs sur la case E5. Ce vis-à-vis frontal entre les deux pions symbolise et résume à merveille le « bras de fer » qui s’engage : en effet, les deux pions sont désormais stoppés dans leur progression, et leurs forces s’annulent, comme celles des « tireurs de poignet ». Seule la prise d’une pièce adverse (nécessairement en diagonale) pourra leur permettre d’avancer à nouveau vers leur terre promise : le bord opposé du clavier, leur permettant d’être magiquement métamorphosés en reine (ou toute autre pièce, au choix du joueur).

L’image ci-dessus montre John BRZENK (considéré comme l’un des plus grands champions de cette discipline à la fois insolite et populaire qu’est le « bras de fer »), en train de battre une véritable montagne de muscles… car Brzenk est celui de gauche ! Eh oui, même dans ce sport « de brutes », et comme aux échecs ou en musique, patience et technicité font souvent bien plus que « force ni que rage » !

Le morceau e4-e5 semble mettre en scène lui aussi une sorte de petite lutte entre les mains, chacune cherchant tour à tour à s’imposer au centre du clavier… La vidéo ci-dessus, réalisée par une pianiste professionnelle, permet de bien voir cette chorégraphie ludique (et souvent symétrique, comme les deux coups de pions) se déployer sur les touches noires et blanches – lesquelles font bien sûr écho aux 64 cases de l’échiquier !

Bernard DE VIENNE a aussi composé une autre pièce pour piano, plus difficile, appelée Cf6. Là aussi, le titre fait référence à un coup d’échecs, mais beaucoup plus récent (les coups e4 et e5 étaient déjà pratiqués à la Renaissance) : c’est en effet le génial Alexandre ALEKHINE (1892-1946), champion du monde franco-russe, qui fut le premier à l’employer en compétition en 1921.

Au lieu de rétorquer par l’avancée symétrique de leur pion du roi, les noirs sortent cette fois leur cavalier du roi, ce qui est assez agressif, puisque ce faisant, ils attaquent d’emblée le pion blanc à peine sorti des « jupons » du roi :

Cette ouverture étant plus rare, et plus difficile à pratiquer correctement (surtout pour les noirs, qui prennent de facto du retard dans l’avancée de leurs pions), il est donc assez logique qu’elle ait donné lieu à une pièce, non de fin de premier cycle comme e4-e5, mais de deuxième cycle.

ICM a souhaité faire parvenir le communiqué suivant aux professeurs de piano dont les élèves préparent la pièce e4-e5 :

Nous attirons votre attention sur le fait que ce morceau nécessite quelques petits conseils, à savoir :

  • un temps de préparation plus long que d’habitude en comparaison avec une pièce tonale
  • une connaissance précise du texte (notes et rythmes) afin de révéler parfaitement la symbolique du thème du jeu d’échecs
  • un important travail de nuances nécessitant davantage de temps
  • une mise en place cohérente des variations de tempo indiquées sur la partition

Ces conseils sont bien sûr applicables à toute pièce musicale, mais il nous a semblé utile de vous sensibiliser aux particularités de ce morceau, afin que vous puissiez les intégrer dans votre planning de cours avec votre élève.

Pour conclure, le site des éditions Dhalmann consacre une page intéressante au compositeur, avec notamment une interview au sujet de la création musicale :

http://www.dhalmann.fr/contents/fr/d350_bernard-de-vienne.html

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